HISTOIRE D'ANDERNOS et D'ARES - DU XVII° AU XIX° SIÈCLE
 

Au bon vieux temps, Arès n'était qu'un très pauvre village et une terre seigneuriale inculte et lugubre au bord de la « petite mer de Buch » (Bassin d'Arcachon). Pas d'autres ressources que la chasse, la pêche et un très maigre élevage. Pays landais misérable. Pays sans histoire.

Au point de vue féodal, Arès était inclus dans le « pays de Buch » dont la capitale était Lamothe (Bois - ? -) et dont le suzerain s'intitulait « captal de Buch ».

Pendant longtemps, Arès fut la propriété des Seigneurs de Blanquefort (dont Armand de Blanquefort en 1236), puis des Seigneurs de Durfort (en 1506: Jean de Durfort).

C'est seulement au mois de Mai 1601 que Jacques de Durfort, châtelain de Blanquefort, « aliéna ses droits » sur Arès (droit de Justice, rentes seigneuriales) contre argent. La terre d'Arès devint alors une baronnie et son seigneur particulier prit le titre de «baron d'Arès» .

Les barons DELORME (après 1601)

Le baron relevait du roi et faisait partie de la noblesse à partir du moment où il avait acheté la baronnie - même s'il était d'origine roturière.

Andernos devint elle aussi baronnie. Le Captalat de Buch se fractionnait ainsi en plusieurs baronnies indépendantes.

La baronnie d'Arès vécut donc de Mai 1601 à la nuit du 4 Août 1789. Elle appartint essentiellement à deux familles importantes : les Delorme au 17° siècle, puis, au 18° siècle, les Belsier-Crain (?)

Gabriel DELORME fut l'un des premiers barons au 17° siècle. Il était conseiller du Roy et Procureur Général au Bureau des Finances de Guyenne. C'est lui probablement qui bâtit le premier château d'Arès sur l'emplacement actuel : <« C'était un petit édifice assez simple, flanqué de pavillons, situé au bourg même d'Arès dans une position charmante d'où la vue s'étend sur les landes, les dunes et le Bassin » (Edouard GUILLON : Les Châteaux Historiques de la Gironde 1866 Tome 1). La garenne existait sans doute puisque «le château» était surtout rendez-vous de chasse.

Les Delorme gardèrent le château pendant le 17° siècle. Au commencement du 18° siècle, M. LAVILLE se qualifiait « Baron d'Arès ».

Les Barons BELSIER-CRAIN (jusqu'à la Révolution).

La Baronnie d'Arès appartint ensuite à la famille de Belsier-Crain, originaire du pays d'Entre Deux Mers et qui compta parmi ses membres un Président au Tribunal de Guyenne. A cette époque la Baronnie d'Arès s'étendait sur cette paroisse et celle du Temple (à l'est du Porge).

En 1789, François Belsier-Crain, baron d'Arès, se fit représenter à l'Assemblée de la Noblesse bordelaise (Edouard Guillon).

Le domaine de Crain consistait en :

- une maison située au village d'Arès composée de plusieurs chambres hautes et basses

- avec des servitudes

Cette vague ébauche du « domaine d'Arès » n'avait pas de ressources propres et ne pouvait guère tirer d'impôts des misérables habitants de la baronnie.

Bien National en 1797

La Révolution créa la Commune d'Andernos dont dépendit Arès jusqu'en 1851. Arès ne fut ni commune ni paroisse. Sans église, sans cimetière, elle ne possédait qu'une chapelle de bois située sur l'actuelle place de l'église.

            En 1792 François Belsier-Crain émigra. Son domaine, devenu «Bien National » fut vendu le 17 Floréal an V de la République (Année 1797) sous le Directoire.

- 1° acquéreur : le Sieur CASTELNAU qui ne peut payer
- 2° acquéreur : M DUPRADOR. Achat du domaine avec 4 ou 5.000 hectares de landes pour une somme de 33.000 Frs.
- 3° acquéreur : un Basque, nommé HIRIBARN, acheta le domaine à M. DUPRADOR et le conserva jusqu'à sa mort. A son décès, son fils - surnommé « Fanfan » fut forcé de revendre.
- 4° acquéreur: M. de SAUVAGE qui acheta « le domaine CRAIN » à la barre du tribunal.

M. de SAUVAGE    (1822-1835)

M. de SAUVAGE était le neveu du Duc DECAZES, Ministre de Louis XVIII.

Il restaure, agrandit le château, abat les pavillons, ajoute des servitudes.

            Antoine de Sauvage entreprend d'importants travaux agricoles : plantation de vignes, reboisement en pins maritimes (fidèle à l'impulsion donnée par BREMONTIER, décédé en 1809). Mais il ne connaît pas le succès faute de pratique agricole, faute de dessèchement et de voies de communication. Il revend ses landes à la « Compagnie Balguerie ».

Il avait acheté également le château d'Andernos devenu Bien National « lui aussi situé à 1 km environ de l'église et du bassin et complètement disparu aujourd'hui ».

En 1834 (sous Louis Philippe) il est Maire d'Andernos. En cette qualité il se rend à Lège pour y recevoir le serment de fidélité au Roy du nouveau Maire de Lège : Louis HIRIGOYEN

Le Capitaine ALLEGRE (1835-1848)

Louis-David ALLEGRE (né en 1790, mort en 1848) était ancien capitaine de la Marine Royale lorsqu'il acheta en 1835 la terre d'Arès et d'Andernos.

En 1837, il arme dans le Bassin le premier chalutier à vapeur du monde (?) : « le Turbot », espérant peut-être vaincre les passes d'Arcachon. En effet, l'année précédente, le 23 Mars 1836, huit pinasses à rames de la Teste furent surprises en mer par la tempête. Deux pinasses seulement purent franchir la barre le lendemain.

Au 17 et 18° siècle, toute la côte orientale du Bassin - de l'Eyre à la Machinotte - était occupée par des marais salants creusés sur le domaine maritime public. Resté marin, ALLEGRE les transforme en « réservoirs à poissons ».

Il essaie aussi de reboiser les landes, sans succès. Il démolit le château d'Andernos en 1845 jusque dans ses fondations et il abat une belle allée d'ormes devant la façade.

C'est au château d'Arès qu'il mourut le 24 Mars 1848. Il fut inhumé à Andernos près du choeur de l'église (inscription sur le mur de cette église).

Les propriétaires SAUVAGE et ALLEGRE ont restauré et agrandi le château d'Arès. L'édifice est durable, tandis que les châteaux des environs disparaissent ; Castéras de Lège, de Certes de Biganos, château de Mios (Lalande), d'Andernos.

Ils renoncent à leurs tentatives d'exploitation agricole et les 710 hectares du domaine sont laissés à l'abandon, couverts de friches, de landes et de marécages.

Après BREMONTIER, vient l'époque de CHAMBRELENT (1817-1893), apôtre du drainage. Les Landes sortent péniblement de leur léthargie, grâce aux efforts entrepris drainage, reboisement, percée de routes, amélioration des pratiques agricoles, investissements en capitaux.

Les derniers propriétaires

Léopold JAVAL (1804-1872) qui avait découvert Arès en lisant une annonce d'adjudication affichée sur les murs de Bordeaux. Il en fait un grand domaine de 2845 hectares administré par Me JAVAL de 1872 à 1893, puis par Sophie WALLERSTEIN de 1893 à 1947.

Transcription des notes manuscrites de Madame Jeanne DULUC.

 

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