Comment et pourquoi la commune Arès a voulu son indépendance et a été séparée d’Andernos

 

Les origines d’Arès sont très anciennes, mais la commune d’Arès est de création relativement récente.

Dans le passé, Arès faisait partie de la commune d’Andernos, l’église paroissiale, depuis l’époque gallo-romaine, étant à Andernos.

Dans le cadre de cette paroisse, les deux communautés d’Arès et d’ Andernos formaient deux seigneuries bien séparées par la frontière naturelle du ruisseau de Cirès.

A la veille de la révolution, le seigneur d’Arès était François de BELCIER-CRAIN qui sera guillotiné à Bordeaux.

A Andernos, c’était Madame Veuve de VERTHAMON.

Les deux Seigneuries vivaient en bonne intelligence ayant chacune son organisation propre ; possédant son château, son seigneur, ses syndics, ses impôts, ses tenanciers, ses communaux particuliers.

Le seul lien, non contesté, était religieux, constitué par l’église et autour d’elle, le cimetière commun.

 

     

 

      

 

 

Sous sa 1ère Municipalité.

 

En 1790 la nouvelle division administrative de la France avait fait de la vieille paroisse d’Andernos une commune du canton de La Teste district de Bordeaux.

La grande Berle d’Arpech sur laquelle tournait l’ancien moulin banal la séparait en deux sections inégales. Arès formait la première de loin la plus importante en étendue : 14 000 journaux (1 journal ou 3192 m2 à la mesure de Castelnau en usage dans la paroisse) sur 20 500, et en population 415 habitants bien groupés contre 275 éparpillés dans la section d’Andernos.

 

Sur l’étroit front de mer envasé ne s’élevaient que le moulin à vent de Jean TEMPLIER et les granges des 300 journaux de prés salé qui s’étendaient en arrière des marais salant abandonnés jusqu’à la Berle d’Ignac entre Lège et le hameau des Houdins dominé par un second moulin à vent, celui de Raymond GASSIAN.

La craste de Houssat Néou ceinturait les champs du gros village aggloméré autour de la place « Révolutionnaire » étoilée de cinq chemins dont trois bien peuplés vers Bordeaux par Cap Blanc, Lège et Andernos. Le chemin du port n’alignait que cinq maisons très petites du côté opposé aux 90 journaux de la magnifique Garenne dont les allées ne s’arrêtaient qu’à la mer. C’était celle du château qui élevait ses bâtiments en équerre avec un seul premier étage coiffé de tuiles romanes. En mauvais état, inhabité de son riche propriétaire le « citoyen cru noble » François de BELCIER qui en attendant d’être guillotiné le 4 messidor an 2 préférait sa belle maison de Bordeaux, place Rohan n°8. Ce château sans défenses ni tour de guet, sans toits aigus et fenêtres à meneaux n’était plus qu’un rendez-vous de chasse à peu près démeublé où le juge seigneurial avait officié autrefois chaque mardi en basse justice. Pas d’église ni chapelle au château on se rendait à la messe de Mr. Le Curé DULUC à l’église paroissiale Saint Eloi ou à celle de Lège ou le Révérend Père Sylvestre un moine jacobin qui suppléait le Curé FERRAND, avait quelques réputation d’éloquence, mais on enterrait les morts à  Andernos au vieux cimetière aujourd’hui disparu.

 

La section d’Arès qui disposait de 43 citoyens actifs sur 75 possédait le tout premier maire, Henri SESCOUZE, maître es chirurgie, et la « maison commune » loué 37 livres 9 sous par an (2 une livre ou un franc valait 20 sols ou sous, le sous valait 12 deniers) à Pierre GASTAUD, marchand d’étoffes et tailleur d’habits. Le procureur Raymond BORDELLE qui commandait encore la garde nationale résidait aussi à Arès avec trois officiers municipaux sur cinq : Raymond MINAUT, Antoine LABRUNETTE et François DUBOURG, et cinq notables sur dix : François BARRAU, Pierre DUPUCH, Etienne DUCAMIN, Jean VILLATTE et Antoine RAYMOND. En l’absence de candidat à la fonction de secrétaire greffier (elle n’était pas rétribuée) c’était Pierre TEMPLIER, patron pêcheur qui en assumait la charge. Il avait une superbe écriture acquise à l’école d’Arès (que nous verrons plus loin), la seule du pays, ou un jeune maître Mr. SALLATO enseignait la lecture, la calligraphie, la grammaire, la syntaxe et les règles élémentaires du calcul moyennant une rétribution scolaire fixée à une livre par mois pour ceux qui commençaient à lire, une livre 10 sols pour les élèves commençant à écrire, deux livres pour ceux qui étudiaient la langur française et le calcul.

 

C’était beaucoup trop pour le petit peuple des compagnons, brassiers et gardeurs qui vivaient pauvrement sur un sol ingrat. Après les très mauvaises récoltes de 1788 et 1789 on avait péniblement récolté en 1790 que 1800 boisseaux de grains (1 boisseau ou 102 litres à la mesure locale) dont 1440 de « bled de seigle » 80 de froment, 260 de « bled d’Espagne » 20 de millet. Il fallait en distraire 200 pour les semences et 10 pour une réquisition destinée à La Teste. A l’entrée de l’hiver Arès, pour sa part, gardait moins de 500 boisseaux, la moitié du nécessaire. Les plus aisés eux-mêmes déclaraient au recensement obligatoire des réserves dérisoires. François DUBOURG 16 boisseaux de seigle, Jean CHASSELOUP 14, Pierre LABRUNETTE 8, François DESPUJOLS 10, François BARRAU 11, Raymond BORDELLE 7, le maire SESCOUZE 2 boisseaux de blé… Il fallait évidemment faire la part d’une forte dissimulation, personne ne voulant manquer de pain et surtout vendre contre des assignats du seigle taxé à 16 livres le boisseau, du blé à 21 et du maïs à 12.

Heureusement les « patates » ne coûtaient que 4 livres le boisseau et le poisson 6 sous la livre. Mais à 2 sols 6 deniers la livre de pain que tout le monde mangeait c’était très cher pour les misérables salaires de l’époque fixés à :

Pour les brassiers……….:  15 sols par jour

Pour les charpentiers……:  18 sols par jour

Pour les scieurs de long...:  1 livre 2 sols par jour

Pour les maçons………...:  18 sous par jour

Avec la nourriture sans boissons. Les femmes beaucoup moins favorisées ne touchaient que 10 sous par jour pendant la moisson et 4 sous dans le reste de l’année mais il est vrai, avec nourriture et boisson. On sent la nuance. Quand au premier budget des 2 sections de la commune, celui de 1791 vote avec un retard considérable et seulement approuvé le 25 mai 1792, il s’élevait en dépense à 128 livres 4 sous 11 deniers dont 90 livres 15 sous 11 deniers pour le seul traitement de Antoine ELIES récemment élu percepteur, le tout couvert en recettes par 6 deniers 8/9 additionnels sue les deux principales contributions.

 

Péripéties municipales sous le 1er Empire

 

Le Préfet de la Gironde par arrêté du 12 pluviôse an 12 (2 février 1804) avait nommé maire d’Andernos le Sieur HIRIBARN aîné, grand propriétaire d’Arès. Son adjoint était Pierre TEMPLIER pêcheur cordier. Arès et Andernos se partageaient les 10 conseillers municipaux, ceux d’Arès étant François BARRAU charpentier, Pierre CHASSELOUP aubergiste, DUCAMIN fils aîné laboureur, Jean ELIES syndic des marins, Jean VILLATTE aîné cultivateur, tous propriétaires, notables communaux élus à l’assemblée primaire tenue en l’église paroissiale St Eloi le 10 germinal an 8 (31 mars 1800) et nommés au Conseil par le Préfet. Tous avaient prêté le serment de fidélité à l’Empereur mais la bonne entente ne régnait pas entre le maire et son adjoint.

Michel HIRIBARN aîné, acquéreur des châteaux et terre d’Arès, contestait les droits d’usage dans les communaux et revendiquait les propriétés des anciens tenanciers seigneuriaux, en particulier celle de BARRAU, de CHASSELOUP, de DUCAMIN.

Pierre TEMPLIER menait campagne contre les prétentions du maire et celui-ci saisissait tous les prétextes pour se débarrasser de son adjoint. Dès le 12 fructidor an 12 (30 août 1804) il écrivait au Préfet « Je me plains de l’insouciance de mon adjoint…il est père de sept enfants et il est continuellement en mer… il est essentiel de le remplacer ».

Ces allégations étaient d’autant plus injustes que le maire passait à Bordeaux, dans sa maison, la moitié de son temps, pendant que TEMPLIER assurait toute l’administration municipale.

Le Préfet malgré son désir de complaire à HIRIBARN qui l’invitait souvent à la chasse, ne pouvait que répondre : « … pour remplacer votre adjoint encore faudrait-il un motif. Je ne puis que l’inviter à remettre sa démission ». Ce qu’il faisait le 23 fructidor. Mais fièrement TEMPLIER refusait d’obtempérer. Ses amis ELIES et DUCAMIN, indignés démissionnaient du conseil. Le Préfet les remplaçait par Antoine LABRUNETTE propriétaire et Pierre GASTAUD commerçant.

Nouvelle occasion pour le maire le 10 février 1806 à propos de l’abus de la circonscription. Les guerres s’éternisant la demande était très forte pour les armées, le service militaire très long : au moins 5 ans. Beaucoup de défavorisés par le tirage au sort essayaient de se soustraire à leurs obligations autrement que par l’achat d’un remplaçant qui coûtait très cher. On se cachait, on quittait le pays : Pierre LESTAGE, conscrit réfractaire, mourra en 1814 à l’hôpital de Dijon, on trichait sur son âge mal défini aux anciens registres des baptêmes, on refusait de se rendre au conseil de recrutement.

En ce début de février 1806 TEMPLIER conduisait à Audenge (nouveau chef lieu du canton) ce qui restait des conscrits de l’an 13. L’insoumission sévissait malgré la répression impitoyable des colonnes mobiles qui chassaient les réfractaires, malgré les lois dont la dernière offrait des primes aux dénonciateurs. Sur 17 inscrits, 8 seulement se présentaient à la mairie d’Audenge où la gendarmerie de La Teste assurait le service d’ordre.

Après une dénonciation des plus suspectes TEMPLIER se voyait accusé par le brigadier BRUN d’avoir reçu de l’argent pour intervenir en faveur de certains conscrits absents. En dépit de ses protestations les sous-préfet président ordonnait sa conduite au commissariat de Bordeaux. La nouvelle grossissait de Audenge vers Arès : TEMPLIER est arrêté, TEMPLIER est en prison, TEMPLIER comparaît en cour criminelle ! HIRIBARN, hâtivement, écrivait au Préfet « … Retenu à Bordeaux pour cause de maladie et ne pouvant remplir mes fonctions que lorsque je serai rétabli, je vous prie de nommer à la place de mon adjoint détenu dans les prisons le Sieur Ostinde COUTTAUD, ex-maire… » Celui-ci, meunier d’Andernos, nommé dès le 11 février, répondait le 13 : « …Je ne puis accepter en aucune façon ma nomination d’adjoint par intérim. Il y a dans cette commune des propriétaires plus capables : Raymond MINAUT, Jean VILLATTE, François DUBOURG et Pierre CHASSELOUP… » C’étaient tous des opposants au maire. Le Préfet recevait le refus comme un affront. Il demandait à HIRIBARN des renseignements sur ces 4 notables dont les trois derniers habitaient Arès. Il ajoutait : « Je désire surtout que vous assuriez de l’acceptation des candidats que vous me présenterez afin que je ne sois pas exposé à un nouveau refus… »

Le maire bien embarrassé, par lettre du 22 février, recommandait Pierre DUMORA, âgé, ancien maire lui-même, refusait à son tour de remplacer TEMPLIER  qu’il soutenait dans la querelle des communaux. Prenant son temps il en informait le Préfet le 11 mars 1806.

Et voici que Pierre TEMPLIER sur qui ne pesaient que des présomptions calomnieuses, se trouvait libéré. En l’absence du maire toujours à Bordeaux, il reprenait l’administration municipale jusqu’au 31 décembre 1806 avec un Préfet fermant les yeux, bien que furieux contre tout le monde : contre un adjoint qu’il avait vainement remplacé deux fois en oubliant de le révoquer, contre un maire que personne ne voulait seconder, dont les seuls soutiens obligés étaient des artisans travaillant pour le château : le forgeron Jean DESCOT, le charpentier Bertrand SOURGEAC, le menuisier Louis MONDIET…

Il les renvoyait l’un et l’autre le 1er janvier 1807 : Jean VILLATTE était nommé maire d’Andernos et Pierre CHASSELOUP nommé adjoint.

 

Première élection à Arès

 

On a toujours voté, même sous l’Ancien Régime où tous les chefs de famille (des femmes quelque fois) formaient une assemblée paroissiale qui élisait ses syndics collecteurs des tailles et fabriciens. Après la Révolution les électeurs qualifiés choisissaient le Conseil Municipal de leur commune. Les électeurs d’Arès confondus avec ceux d’Andernos se réunissaient en l’église Saint Eloi d’Andernos où l’on votait. Une bonne entente prévoyait un partage égal des 12 conseillers élus entre Arès et Andernos ; mais la tradition allait être rompue sous la Monarchie de Juillet après la loi électorale du 21 mars 1831 qui donnait aux seuls électeurs censitaires le droit d’élire leur conseil. Le Préfet se réservant les nominations du maire et de son adjoint.

Tout change donc à la Révolution quand la cellule administrative devient commune d’Andernos dont Arès fait partie en 1790. Tout est confondu en un budget commun voté par un conseil unique. Comme le territoire d’Arès est plus vaste que celui d’Andernos, (plus de 4 000 ha contre 2 000) plus peuplée aussi (415 habitants, contre 275 en 1790) à chacune des élections municipales les Arésiens détiennent la majorité, et ont presque toujours le Maire, le procureur ou l’Adjoint. De plus, parmi les notables, ceux d’Arès sont de loin les plus instruits.

Si Andernos possède l’église où l’on se réunit, où l’on vote, c’est à Arès qu’existe la seule école du pays.

 

En 1837 sur 12 conseillers 9 sont d’Arès : Pierre GASTAUD, Martin CASTANDET, Jean LABRUNETTE, Pierre RAYMOND, Jean DAUGES, Jean TEMPLIER, Jean CHASSELOUP, Jean VILLATE Guillaume BOS… Sur plainte des électeurs d’Andernos et pétition lancée par le curé TRESSEINT, personnage haut en couleur qui sera bientôt frappé d’interdit. En fin de compte le Roi Louis Philippe prenait le 29 janvier 1838 une ordonnance qui prononçait la dissolution du Conseil Municipal d’Andernos et le Préfet de la Gironde, par arrêté du 5 avril 1838  divise la commune en deux sections votant séparément. Les élections étaient fixées aux 22 et 25 avril 1838. Pour la première fois Arès avait sa liste électorale autonome et allait voter chez lui.

 

La section d’Arès avec 682 habitants et 71 électeurs censitaires nommera 7 conseillers. La section d’Andernos, 390 habitants et 33 électeurs en nommera 5.

Pour Arès les 71 inscrits dans l’ordre décroissant des impositions. Au premier rang, de très loin, David ALLEGRE, le châtelain qui payait 984,83 F d’impôts, immédiatement derrière lui, Pierre GASTAUD tombait à 71,24 F, puis Bertrand SOURGEAC aubergiste 49,63 F, Jean TEMPLIER meunier 48,39 F… Le 71ème et dernier Jean BARRE, était imposé à 11,14 F.

Pour Andernos, 33 électeurs inscrits, élisait le dimanche 22 avril 1838 ses 5 conseillers. La réunion d’Arès avait lieu le 25 dans la salle du jeune officier de santé Pierre PAUILHAC, 26 ans gendre de Pierre BASTAUD, marchand drapier et adjoint au maire, qui présidait. Il était assisté de 4 scrutateurs, les 2 plus âgés présents dans la salle et sachant écrire : Jean BRUN, 62 ans et Jean LABRUNETTE, 58 ans, et les deux plus jeunes Jean TEMPLIER, 37 ans, et Pierre BARREYNE, 28 ans.

Pierre PAUILHAC ayant été nommé secrétaire, le Président ouvrait le scrutin à 11 heures et appelait les électeurs dans l’ordre de la liste. Chacun, avant de voter devait prêter le serment civique « je jure fidélité au roi des Français, obéissance à la Charte Constitutionnelle et aux lois du royaume ». Il recevait alors un bulletin ouvert et blanc sur lequel il inscrivait les noms de son choix, ou les faisait inscrire s’il ne savait pas, pliait son bulletin, le remettait au président qui le déposait dans l’urne. A 2 heures ¼ de relevés, après 3 heures de scrutin et rappel, la clôture étant annoncée, on procédait au dépouillement.

Il y avait 56 votants sur 71 inscrits, soit une participation de 78 %.

Etaient proclamés élus :

Jean CHASSELOUP 53 suffrages, Jean TEMPLIER 49, Pierre GASTAUD 46, Jean VILLATTE 45, Jean LABRUNETTE 43, Pierre RAYMOND 43, Martin CASTANDET 42. Suivaient des voix éparpillées dont 14 sur David ALLEGRE…

Par arrêté du 10 mai 1838, le Préfet nommait maire d’Andernos Jean TEMPLIER. Il était installé avec le nouveau conseil le 13 mai.

Sollicité par le Préfet afin de lui désigner un candidat au poste d’adjoint Jean TEMPLIER choisissait Pierre RAYMOND. Nommé le 17 mai, celui-ci était installé le 21.

Andernos avait sa nouvelle municipalité. Arès y comptait 7 membres sur 12 dont le maire et l’adjoint et venait de franchir un pas important vers son autonomie.

 

Mais la rivalité des deux villages grandit encore, dégénérant en chicane au Conseil et en bagarres à l’école, aux fêtes locales et même parfois aux enterrements. Pour y mettre fin, Arès aspire à son indépendance.

 

Création de la commune d’Arès

 

Malheureusement, lorsque la Congrégation est maîtresse de la France, il n’est pas convenable qu’une commune puisse être créée sans avoir une église. Le Maire Jean TEMPLIER, meunier d’Arès, en bâtira une provisoire, aux seuls deniers de sa section. Le Curé d’Andernos, l’Abbé BERGAUD,  devra la desservir en succursale. Comme il fait des difficultés, allégent la distance, la fragilité de sa santé, Arès lui offre un cheval et il doit s’exécuter.

 

Possédant une église, maître au Conseil Municipal, le Maire d’Andernos, Pierre PAUILHAC, officier de Santé d’Arès, met la séparation Andernos-Arès à l’ordre du jour de la session ordinaire de mai 1850. Elle est votée à l’unanimité !

 

Les enquêtes se succèdent pendant toute l’année, menées par une section syndicale présidée par François DUCAMIN d’Arès, par le Juge BEZIAN, du canton d’Audenge, par le Conseil d’arrondissement, par le Conseil Général enfin pour aboutir à l’Assemblée Législative qui, par la loi du 9 janvier 1851, prononçait la séparation avec promotion d’Arès en commune autonome.

 

Le Conseil Municipal d’Andernos était dissout, des élections simultanées prévues pour le 16 mars 1851.

Sur 137 électeurs inscrits à Arès et 84 votants, étaient élus dans l’ordre du tableau : Pierre BARREYRE charpentier, Pierre PAUILHAC, Pierre RAYMOND propriétaire, Jean LABRUNETTE propriétaire, Jean DESPUJOLS marin, Pierre DUPUCH marin, Guillaume LAFOND marchand, Jean VILLATE laboureur, Chéry GASSIAN forgeron, Antoine ELIEZ marin, Adolphe MONDIET menuisier, Pierre BERRON fils laboureur.

 

La nouvelle commune d’Arès avait son premier Conseil et le 13 avril 1851, son premier maire, Pierre PAUILHAC.

 

Sources : « La vie municipale d’Andernos et d’Arès » sous la Révolution de Jean DUMAS.

 

Tous les documents cités entre guillemets conservés aux archives communales ou départementales pourront être consultés à la bibliothèque municipale où ils sont reproduits en photocopie, dans leur intégralité. Les noms propres seront toujours dans leur graphie d’époque

 

La Chapelle d’Arès

(1846 – 1847)

 

En 1846, le village d’Arès, paroisse d’Andernos, pensait déjà à son autonomie et voulait se séparer d’Andernos, mais, il n’y avait, pas église, pas de Curé, pas presbytère, pas cimetière.

Pour être à cette époque une commune il faut aussi être une paroisse digne de ce nom.

En ces temps si lointains, la foi, la croyance en Dieu étaient très vivaces. Il fallait un Curé pour recevoir les sacrements. On vénérait, on respectait, les règles de la religion.

Mr le Curé avait une mule, le sacristain un âne. Seul, Mr le Curé d’Andernos assurait ce service.

Au bord du Bassin dit d’Arcachon, sur la rive droite du Cires (dit aussi la Meule), il y avait une modeste chapelle dite de St Brice. Tant qu’elle fut en bon état, , Mr le Curé d’Andernos y officiait pour les habitants du Cap-Lande, du Garguéhos, du Château de temps en temps. Mais au début du XIXème siècle, la chapelle de St Brice rendit l’âme. Il ne restait plus que la vieille église St Eloi d’Andernos.

 

En 1846, l’Abbé BROCA, Curé d’Andernos, avec l’aide de son Conseil de Fabrique, fit bâtir à Arès, près du château, sur une place (don de Mr VILLATTE) une  chapelle en bois.

Comme l’église St Eloi possédait trois cloches (une grosse, une moyenne, une petite) le Conseil de Fabrique décida de prêter la 2ème cloche à la Chapelle d’Arès.

La cloche sonnait tous les jours, matin, midi et soir pour l’Angélus. Elle sonnait aussi pour les messes, les fêtes, les processions, les baptêmes, les mariages et pour annoncer les malheurs (incendie, guerre).

Elle sonna pour la première fois le 25 mai 1847, pour annonçer à Arès la venue de Monseigneur DONNET, archevêque de Bordeaux.

Il bénit la Chapelle dédiée à St Vincent de Paul. Il administra le sacrement de la Confirmation aux enfants du village.

 

Le 29 décembre 1847, fut créé un Conseil spécial d’administration de biens de la toute nouvelle église en présence de l’abbé BERGAUD, Curé d’Andernos. Pour faciliter le service religieux, l’administration des biens de la chapelle loua une maison à Arès.

La population active de la nouvelle commune d’Arès, augmenta rapidement. La Chapelle devint insuffisante. La municipalité d’Arès décida de construire une église.

Mr ALLAUX, architecte de Bordeaux, soumit un plan qui fut refusé. Celui de Mr HOSTEING fut accepté. Il fallut du temps et de l’argent.

En attendant le début de la construction en :

1864 : Le cimetière d’Arès est créé, on le clôture et on installe sa croix.

1865 : Pour payer une partie de la nouvelle église, pour construire la Mairie et une école de garçons avec un Christ, une école de fille et le matériel nécessaire, on vend des landes (dont 300 ha à Arpech).

En 1868, la première pierre de l’église actuelle fut posée et bénie (mars 1868) par SERAPHON chanoine de la Cathédrale de Bordeaux. Le souvenir de cette bénédiction se trouve enfermé dans une bouteille cachetée et placée sous le premier pilier de l’abside (côté sud). Sur ce parchemin figurent avec le jour et l’année de la bénédiction, les noms du prince régnant, de l’archevêque du diocèse et du curé.

L’ouvrage fut achevé dans son gros œuvre en 1873. La chapelle provisoire fut démolie.

Une anecdote, qui de nos jours cours toujours, une certaine nuit, avant la démolition de la chapelle, les marins d’Andernos sont venus, la voler, pour la replacer dans le clocher de leur église St Eloi d’Andernos.

Les habitants d’Arès ne manquaient aucune occasion, sur les parcs à huîtres, en forêt, lors des fêtes pour s’insulter de se traiter de « voleur de cloche ». Cette cloche avait été prêtée par l’Abbé BROCA et le Conseil de Fabrique d’Andernos en 1847, alors qu’Arès était encore commune d’Andernos. Etaient-ils des voleurs ?

Les habitants d’Andernos ont repris (mais de nuit) leur cloche que ne voulaient pas leur rendre les gens d’Arès, car majoritaires à l’époque à Andernos, les habitants d’Arès estimaient qu’elle était aussi à eux.

Au  mois de mars 1873, la chapelle provisoire fut démolie, le culte s’exerça dans le nouvel édifice.

Le 8 avril 1873, le projet de la reconstruction du clocher fut décédé. Il comprenait aussi la croix et le paratonnerre.

En 1875, le clocher était à peine commencé.

En 1877, le Conseil Municipal envisagea son achèvement grâce à une souscription (31 janvier 1877), 5 000 francs fut acquis, puis furent alloué : 1 500 F de la municipalité, 500 F du département, 1 000 F du Conseil de Fabrique, soit 8000 F d’acquis, mais le devis s’élevait à 15 242 F.

Pour en terminer, le Conseil de Fabrique avança la différence et l’Etat en 1877 accorda 5 000F.

En 1878, les questions financières enfin résolues.

 

Les Arésiens apportèrent leur contribution chacun selon ses moyens.

La cloche, un bourdon, de la nouvelle église fut offerte le 25 janvier 1877 par Mr. COURCY.

Ce bourdon, fondu par H. DUPRES fils de Bordeaux, pesait 1536 Kg, il coûta 6 000 F/or.

Pour remercier Mr. COURCY, on donna à cette cloche le nom de Rachel en souvenir de Dame Rachel de COURCY.

Un Mr. DUVERGIER d’Arès petit fils du garde des Sceaux et Mme DUVERGIER d’Arès, furent parrain et marraine de la nouvelle cloche : le BOURDON.

Cette nouvelle cloche fut bénie le 10 octobre 1878 par l’Archevêque Monseigneur DONNET, en présence de Monsieur le Préfet et notables du département.

Un Christ fut alors placé sur la Matte au milieu du Bassin.

Deux cloches et le Bourdon avaient été installés par le chanoine EYGUILLON de REOM (spécialiste installateur de cloches) au second étage du clocher.

Le 11 octobre 1878 l’Archevêque bénit également l’église en présence de Monsieur le Préfet, des notables et des habitants d’Arès. Il bénit également le Christ de la Matte.

Le 13 octobre 1878, une messe fut dite, au pied de la Croix par le père ALEXANDRE. Le Christ (de la croix dite des marins) était en fonte, il mesurait 1,80 mètre de hauteur. Il était supporté par une Croix de chêne de 8 mètres au-dessus des terres. Il fut donné par Monsieur Gabriel de COURCY.

 

Sources :

Archives municipales, Andernos et Arès et les récits de Jean DUVAL et Isabelle VERDIER.

Vous retrouverez la documentation de l’Eglise d’Arès avec beaucoup plus de détails dans l’ouvrage de Isabelle VERDIER raconte « Arès village d’Andernos, Arès commune autonome de 1780 à 1903 » aux Editions BERGERET.

 

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