Les droits d'usage,
à Arès, jusqu'à la Révolution |
Chacun connaît la
condition des terres sous l'Ancien Régime.
Aucune communauté religieuse n'existait dans la
paroisse d'Andernos dont Ares était le principal
village. L'Eglise n'y possédait que le presbytère et
un journal de jardin. Tout le reste relevait des
deux seigneuries voisines d'Ares et d'Andernos
séparées par le ruisseau de Cirés. (1) Mais la
propriété se trouvait divisée : le seigneur détenait
le « domaine direct » et les tenanciers le «
domaine utile ». Pour les derniers seigneurs
du pays il n'était plus question de se soumettre aux
formalités de l'hommage. C'était le trésorier
général de Guyenne qui, à chaque mutation de
châtellenie recevait l'aveu de la terre noble suivi
du dénombrement où l'on distinguait le « domaine
retenu » ou « proche » et « le domaine
concédé à censive ». L'important domaine proche
du château d'Ares jadis exploité directement par
domestiques et métayers s'était beaucoup réduit. La
vie à la Cour coûtait très cher. Des ventes
successives avaient fait propriétaires de nombreux
habitants. La paroisse en comptait 43 en 1788.
Finalement le dernier seigneur d'Ares, François de
Belcier qui habitait Bordeaux, place Rohan, avait
donné à bail toutes ses terres retenues à un sieur
DUPRADA, bourgeois de Bordeaux, le même qui les
achètera, devenues bien national, par adjudication
des 12 et 17 floréal an V - 1 et 6 mai 1797. Dans les communaux
La tradition du double
domaine dans les communaux d'Ares était différente.
Chaque seigneurie de la paroisse avait les siens.
Ceux d'Ares couvraient plus de 4000 journaux de «
terres vaines et vagues », de marais, de prés salés,
de landes rases semées de rares bouquets de pins.
(3) Véritable propriété collective dans le passé,
les communaux, peu à peu, avaient été incorporés au
domaine seigneurial retenu. Mais les habitants y
conservaient des droits étendus et non contestés
sous le contrôle des syndics élus par le « général »
de la paroisse. Ils y coupaient leur bois d'œuvre et
de chauffage. Ils y conduisaient leurs bêtes
surveillées par des « gardeurs » montés sur des
échasses. Plus de mille moutons broutaient la lande
et les prés salés. Les plus démunis y entretenaient
quelques brebis. La seule fabrique de l'église Saint
Eloi en comptait plus de cent. Chaque famille
organisait son « bournatz » dans un apier abrité
d'un rideau de brande. On coupait la bruyère et les
joncs pour la litière des animaux, des échalas pour
le jardin... Tous ces droits d'usage étaient fixés
de coutume immémoriale et même codifiés par des
chartes engageant le seigneur et la communauté
villageoise, dont la plus ancienne à Ares, celle du
30 juin 1506, concédée par Jean Durfort de DURAS,
était ainsi rédigée : «... a baillé à fief
nouveau aux habitants les terres, domaines padouens
et autres choses limitées et confrontées d'un côté
vers le midi, à la Berle qui fait séparation de la
terre d'Ares et celle d'Andernos. D'autre côté au
ruisseau qui fait séparation d'avec la
terre d'IGNAC et dure le long de la mer (4) jusqu'à
LESCARRET qui est au-delà du bois d'ARPECH tirant au
lieu de la SAUSSOUZE - à l'exception toutefois des
eaux vives et mortes des berles, ruisseaux, mer et
rivières, ensemble des places pour bâtir, le bois
de chasse et garenne d'ARPECH comme aussi les
padouens tirant de là jusqu'à la SAUSSOUZE mais avec
la faculté des habitants de pouvoir faire paccager
et herbager leurs bestiaux dans le dit padouen
réservé et comprendre toutes les autres terres dans
les susdites limites et ci avant baillées par autre
fief. » Nouvelle et dernière Transaction |
Nouvelle charte en
date du 11 mai 1702 retenue par maître
DUBOSQ, notaire, après transaction entre Jean
Baptiste de LAVILLE, seigneur d'Ares et les
habitants du dit ARES : ... quelle qu'en fût la
cause des habitants laissèrent s'accumuler les
arrérages. Jean Baptiste de Laville, alors seigneur
d'Ares, avait, en raison de ça, intenté une action
contre eux qui donna lieu au traité du 11 mai 1702
par lequel le seigneur fit remise de tous les
arrérages et déchargea du droit de guet et abandonna
une pignada qu'il avait fait semer et consentit que
les habitants et tenanciers d'ARES en jouissent
conformément aux contrats des 30 juillet
1506 et 17 juillet 1619 à la charge toutefois
que, de leur consentement, le dit seigneur se
réserve d'avoir une portion à la dite pignada dans
laquelle, comme eux, il pourra faire couper du bois,
bruc et jaugue pour son usage. De leur côté les
habitants s'obligent : |
(1) ou
grande Berle d'Arpech Extrait du Bulletin n° 22 de la Société Historique d'Arcachon et du Pays de Buch du 4e trimestre 1979 |
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