Un grand Arésien :

Le commandant David ALLEGRE

 

 

Il était né à Brest le 3 novembre 1786 dans une famille où l’on avait toujours aimé la mer. Après de solides études le voici, à 18 ans, aspirant dans la marine impériale et embarqué sur la frégate « La Manche » qui croise bientôt dans l’océan Indien. Après un passage sur « Le Créole », un brick de vingt, on le retrouve second de la belle frégate « Circé » aux 60 camons. Avec elle il participe à toute la campagne des Indes de 1806 à 1809.

Maintenu dans son grade, après 1815, par la Restauration, David ALLEGRE commande enfin une flotte, « La Licorne », attachée à Pondichéry. Il prend sa retraite le 29 juin 1818, passe dans la marine marchande, comme capitaine au long cours et navigue toujours aux Indes, pour le compte du commerce bordelais.

Il est fait chevalier de Saint Louis en 1826, chevalier de la Légion d’Honneur en 1831 et se retire à Bordeaux, riche et très lié aux milieux du grand négoce et de la banque.

Avec François BALGUERIE et Nathan JOHNSTON il crée la Compagnie des Landes de Gascogne.

Nommé juge de paix du canton d’Audenge il achète en 1835, à M. De SAUVAGE les deux châteaux, terres et communaux d’Arès et d’Andernos, le tout dans le plus triste état. M. De SAUVAGE, bien que maire de 1826 à 1834, n’habitait ses propriétés qu’un mois par an, laissant toute l’administration à son adjoint Jean DESCOT, forgeron de son état.

David ALLEGRE rase le château d’Andernos qui tombe en ruines, répare celui d’Arès et l’habite dès 1836 avec une jeune noble : Marie-Caroline Clémence CHOURY de la VIGERIE. C’est le bonheur à l’automne de sa vie : il a 50 ans, elle à 17 ans et lui donnera deux fils, en 1838 et en 1843. Disons tout de suite qu’ils se marieront le 18 janvier 1845, par devant le maire VILLATTE et 4 témoins : Pierre ROSIE maître d’école, Etienne TEMPLIER meunier, Jean DAUGES cabaretier, Pierre LACAZE marin, tous d’Arès.

 

Notre commandant caresse de grands projets maritimes pour Arès. La catastrophe du 28 mars 1836 où devaient périr 78 pêcheurs de La Teste avait montré la fragilité des chaloupes pêchant au « pélongue ». David ALLEGRE et ses commanditaires de Bordeaux lancent des navires à vapeur : « Le turbot » 28 m de long, 4,230 m au maître bau, 2 m de tirant d’eau, 55 cv, le 22 décembre 1836 et « La Sôle », de même type en février 1837. C’est le premier chalutage à vapeur dans le monde ! En même temps ALLEGRE fait creuser les réservoirs à poissons sur l’emplacement des anciens marais salants. Il établit les plans d’un port à « La Vigne », avec plus d’un siècle d’avance, malheureusement combattus par les marins de La Teste et de Gujan conduits par Pierre DANCY, la Sôle et le Turbot doivent désarmer en août 1838 malgré des résultats encourageants : le 11 avril 1838 le Turbot tirait un chalut si chargé qu’il creva à la levée, Arès ne sera pas grand port de pêche.

 

Non découragé, David ALLEGRE se tourne alors vers des projets agricoles. Il desse les plans et engage les travaux du canal d’assèchement des marécages séparant les étangs littoraux et aboutissant à Lège entre les dunes de Machinotte et de Canot. Bien avant CHAMBRELENT il entreprend de drainer la lande et de la reboiser à l’Arrivet, au Pas du Bros. Pour exploiter les deux forêts de la Montagne sur les rives du Cirès il installe au Moulin d’en haut la première scierie mécanique du pays, à vapeur et à eau. Elu au conseil municipal le 9 juin 1841, il consent le 2 mai 1844, par des transactions avantageuses, à mettre fin au mémorable procès des communaux qui ruine la commune.

Il pousse l’exploitation du minerai de fer, passe au marché avec les forges de Biganos qui se chargent de l’extraire moyennant redevance de 0,75 franc par tonne et à charge de travailler à ciel ouvert et de recombler les tranchées.

 

Vient alors la maladie… Le commandant ALLEGRE ne peut plus assister aux séances du Conseil municipal. Il est déclaré démissionnaire et pour la confusion d’une assemblée ingrate, meurt très vite, au château d’Arès, le 24 mars 1846.

Ainsi disparaissait ce grand honnête homme, ce génial novateur, ce juge de paix de bon conseil, cet homme de bien à la charité légendaire dont la tombe au cimetière communal devait être entourée de vénération. Le poète arésien Emilien BARREYRE l’a chantée dans ses vers des « malineyres ».

« De tous aquets toumbèus n’es un

Qu’une barraque en fer encoule…

Aco’s lou d’un segnou qu’aymène hort lou proue

Lou d’Allegre, meste ouficey.. »

Traduction :

« De tous ces tombeaux, il en est un qu’une grille de fer entoure….

D’est celui d’un châtelain qui aimait beaucoup les pauvres, celui d’Allègre, officier supérieur… »

Emilien BARREYRE consacre 40 vers au commandant ALLEGRE.

Après la désaffectation du cimetière sa tombe a été placée contre le mur de l’église Saint Eloi.

 

Sources : « La vie municipale d’Andernos et d’Arès » sous la Révolution de Jean DUMAS.
 

 

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