Première élection à Arès

 

 On a toujours voté, même sous l’Ancien Régime où tous les chefs de famille (des femmes quelque fois) formaient une assemblée paroissiale qui élisait ses syndics collecteurs des tailles et fabriciens. Après la Révolution les électeurs qualifiés choisissaient le Conseil Municipal de leur commune. Les électeurs d’Arès confondus avec ceux d’Andernos se réunissaient en l’église Saint Eloi d’Andernos où l’on votait. Une bonne entente prévoyait un partage égal des 12 conseillers élus entre Arès et Andernos ; mais la tradition allait être rompue sous la Monarchie de Juillet après la loi électorale du 21 mars 1831 qui donnait aux seuls électeurs censitaires le droit d’élire leur conseil. Le Préfet se réservant les nominations du maire et de son adjoint.

Tout change donc à la Révolution quand la cellule administrative devient commune d’Andernos dont Arès fait partie en 1790. Tout est confondu en un budget commun voté par un conseil unique. Comme le territoire d’Arès est plus vaste que celui d’Andernos, (plus de 4 000 ha contre 2 000) plus peuplée aussi (415 habitants, contre 275 en 1790) à chacune des élections municipales les Arésiens détiennent la majorité, et ont presque toujours le Maire, le procureur ou l’Adjoint. De plus, parmi les notables, ceux d’Arès sont de loin les plus instruits.

Si Andernos possède l’église où l’on se réunit, où l’on vote, c’est à Arès qu’existe la seule école du pays.

En 1837 sur 12 conseillers 9 sont d’Arès : Pierre GASTAUD, Martin CASTANDET, Jean LABRUNETTE, Pierre RAYMOND, Jean DAUGES, Jean TEMPLIER, Jean CHASSELOUP, Jean VILLATE Guillaume BOS… Sur plainte des électeurs d’Andernos et pétition lancée par le curé TRESSEINT, personnage haut en couleur qui sera bientôt frappé d’interdit. En fin de compte le Roi Louis Philippe prenait le 29 janvier 1838 une ordonnance qui prononçait la dissolution du Conseil Municipal d’Andernos et le Préfet de la Gironde, par arrêté du 5 avril 1838  divise la commune en deux sections votant séparément. Les élections étaient fixées aux 22 et 25 avril 1838. Pour la première fois Arès avait sa liste électorale autonome et allait voter chez lui.

La section d’Arès avec 682 habitants et 71 électeurs censitaires nommera 7 conseillers. La section d’Andernos, 390 habitants et 33 électeurs en nommera 5.

Pour Arès les 71 inscrits dans l’ordre décroissant des impositions. Au premier rang, de très loin, David ALLEGRE, le châtelain qui payait 984,83 F d’impôts, immédiatement derrière lui, Pierre GASTAUD tombait à 71,24 F, puis Bertrand SOURGEAC aubergiste 49,63 F, Jean TEMPLIER meunier 48,39 F… Le 71ème et dernier Jean BARRE, était imposé à 11,14 F.

Pour Andernos, 33 électeurs inscrits, élisait le dimanche 22 avril 1838 ses 5 conseillers. La réunion d’Arès avait lieu le 25 dans la salle du jeune officier de santé Pierre PAUILHAC, 26 ans gendre de Pierre BASTAUD, marchand drapier et adjoint au maire, qui présidait. Il était assisté de 4 scrutateurs, les 2 plus âgés présents dans la salle et sachant écrire : Jean BRUN, 62 ans et Jean LABRUNETTE, 58 ans, et les deux plus jeunes Jean TEMPLIER, 37 ans, et Pierre BARREYNE, 28 ans.

Pierre PAUILHAC ayant été nommé secrétaire, le Président ouvrait le scrutin à 11 heures et appelait les électeurs dans l’ordre de la liste. Chacun, avant de voter devait prêter le serment civique « je jure fidélité au roi des Français, obéissance à la Charte Constitutionnelle et aux lois du royaume ». Il recevait alors un bulletin ouvert et blanc sur lequel il inscrivait les noms de son choix, ou les faisait inscrire s’il ne savait pas, pliait son bulletin, le remettait au président qui le déposait dans l’urne. A 2 heures ¼ de relevés, après 3 heures de scrutin et rappel, la clôture étant annoncée, on procédait au dépouillement.

Il y avait 56 votants sur 71 inscrits, soit une participation de 78 %.

Etaient proclamés élus :

Jean CHASSELOUP 53 suffrages, Jean TEMPLIER 49, Pierre GASTAUD 46, Jean VILLATTE 45, Jean LABRUNETTE 43, Pierre RAYMOND 43, Martin CASTANDET 42. Suivaient des voix éparpillées dont 14 sur David ALLEGRE…

Par arrêté du 10 mai 1838, le Préfet nommait maire d’Andernos Jean TEMPLIER. Il était installé avec le nouveau conseil le 13 mai.

Sollicité par le Préfet afin de lui désigner un candidat au poste d’adjoint Jean TEMPLIER choisissait Pierre RAYMOND. Nommé le 17 mai, celui-ci était installé le 21.

Andernos avait sa nouvelle municipalité. Arès y comptait 7 membres sur 12 dont le maire et l’adjoint et venait de franchir un pas important vers son autonomie.

Mais la rivalité des deux villages grandit encore, dégénérant en chicane au Conseil et en bagarres à l’école, aux fêtes locales et même parfois aux enterrements. Pour y mettre fin, Arès aspire à son indépendance.

 

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