Les premières écoles d’Arès…

 

Chacun sait que l’enseignement primaire était donné sous l’Ancien Régime dans les « petites écoles religieuses » à la charge des paroisses.

Elles se multiplièrent après des ordonnances royales :

Louis XIV en 1698 et Louis XV en 1724 les rendirent même obligatoires, sans gratuité toutefois.

La paroisse d’Andernos où Arès était le principal village, dépendait du prieuré du BARP, lui-même relevant des Feuillants de Bordeaux. Ces derniers se souciaient fort peu d’instruire leurs fidèles du Bassin. Les procès verbaux de visite de l’archevêché, celui si détaillé de 1731 en particulier, ne mentionnent jamais un maître d’école. A la veille de la Révolution s’ouvrit enfin la première « petite école » où, sous l’autorité du prêtre desservant, enseignait un « maître es art élu en la forme ordinaire » par l’assemblée générale des habitants : homme, veuves ou filles dirigeant un foyer distinct. Réunis en l’église St-Eloi ils choisissaient un instituteur pourvu d’une licence délivrée au nom de l’archevêché.

Un peu plus tard la Convention dut renoncer aux généreux projets de CONDORCET pour une éducation nationale mise à la portée de tous. La loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) à l’initiative de LAKANAL, devait assurer une école obligatoire et gratuite dans toutes les communes de plus de 400 habitants. Celle d’Andernos en comptait 690, dont 415 pour Arès.

Mais l’état lamentable des finances publiques ne permit que la réalisation d’une école officielle par canton. Elle fut donc ouverte à La Teste dont Andernos faisait partie à l’époque.

Arès conserva le principe d’un instituteur public élu cette fois par le Conseil général de la commune : maire, procureur, officiers municipaux et notables.

Au moment de la loi GUIZOT, du 28 juin 1833, le « maître es art » était M. SALLATO qui jouissait d’une grande réputation de savoir et de conscience professionnelle. La dignité de sa vie privée, ses fonctions de secrétaire de mairie lui valait une considération d’autant plus généreuse que le Curé d’alors, M. l’abbé TREISSEINT, sous l’autorité duquel il dirigeait l’école, se signalait, en dépit d’un nom évocateur, par des écarts de langage et surtout de conduite tout à fait regrettables. Toujours brouillé avec les maires successifs qui le traitaient « d’infâme TREISSEINT », notre curé se verra finalement frappé d’interdiction.

La loi GUIZOT prévoyait une école de garçons dans chaque commune, une école normale dans chaque département. En attendant la sortie des élèves maîtres il était naturel que M. SALLATO devînt le premier instituteur officiel d’Andernos et que l’école restât à Arès puisqu’elle y fonctionnait déjà. Le 2 février 1835, en l’absence du maire Jean DAUGES, malade, son adjoint Jean Baptiste HIRIBARN réunissait le conseil municipal et les membres du comité local de l’instruction publique : Pierre PAUILHAC, HIRIBARN père, Pierre BARREYRE et le Curé TRESSEINT président. « Et à l’unanimité fut élu M. SALLATO, instituteur déjà dans la commune et muni d’un brevet de capacité délivré par l’Académie de Pau ».

Restait à régler l’emplacement de l’école, le traitement du maître, le montant de la rétribution scolaire. Ce fut l’affaire de la réunion du 10 mai 1835 où les cinq conseillers d’Andernos se faisaient un devoir d’être absents. Devant ses seuls collèges locaux : François BARRAU, Martin CASTANDET, Pierre GASTAUD, Jean LABRUNETTE, Etienne MINAUT, Jean TEMPLIER, le maire DAUGES faisait adopter … « après en avoir mûrement délibéré, »

1)      – que le taux de la rétribution scolaire mensuelle pour 1836 était fixé à :

a)      1 franc pour les élèves qui commencent à lire

b)      2 francs pour ceux qui commencent à écrire

c)      2,50 francs pour ceux qui commencent à calculer

d)      3 francs pour ceux qui commencent les principes de la langue française

2)      – que  l’indemnité de logement de l’instituteur était arrêtée, pour 1836 à 80 francs par an.

3)      – que son traitement fixe annuel était fixé, pour 1836 à 200 francs par an.

4)      – que ces dépenses s’élevant à 280 francs il y avait lieu d’inviter les plus forts imposés à examiner avec le conseil quelle était la partie du revenu de la commune qui pouvait être affectée à leur règlement.

A ce moment les plus forts imposés participaient à la délibération : Pierre ELIES, Jean CHASSELOUP, Giron LAFON, Pierre LARQUET, Pierre PAUILHAC, Antoine RAYMOND, Etienne TEMPLIER, Jean TRAPNOUIL.

Tous arrêtaient qu’il serait prélevé sur le principal des contributions une imposition de trois centimes additionnels donnant  60,24 francs. En conséquence le département et l’Etat auront à fournir une subvention de 280 – 60,24 = 219,76 francs.

Heureuse époque où les subventions étaient accordées sur simple délibération municipale !

La « communale » fonctionnait donc à Arès dans la maison de M. GASTAUD affermée 40 francs par an, qui servait aussi de mairie.

M. SALLATO réunissait ses 22 élèves (dont 20 d’Arès) dans la grande salle où ils écrivaient sur une planche posée sur les genoux et qu’ils suspendaient aux murs, chaque soir, à la sortie.

Un seul livre : le syllabaire pour les petits et le livre de lecture pour les grands, livre consacré à la Bible ou à la vie des grands hommes de l’antiquité. Aux murs pendaient une grande carte de France et l’aberrant tableau des poids et mesures consacré au système métrique qui n’arrivait pas à s’imposer. Avec la lecture, l’enseignement essentiel était consacré à l’orthographe et à l’écriture. Les meilleurs élèves calligraphiaient presque aussi bien que le maître et l’on ne peut qu’admirer les magnifiques signatures qu’ils apposeront plus tard sur les registres municipaux.

Sources :  Jean DUMAS.

 

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