Le Canal des Etangs

 

Giselle Gasnier, est une source intarissable de l'histoire locale. Ancien professeur du lycée Chambrelent d'Hourtin, elle consacre aujourd'hui une bonne partie de son temps à la Maison des arts et traditions populaires de Carcans. Grâce à ses nombreuses recherches, on en sait aujourd'hui un peu plus sur la naissance du canal des étangs et du canal du Porge.

Travaux de drainage

L'idée de mise en œuvre de ces canaux est née en 1694. Cette année-là, l'ingénieur général De Fleury envisage un projet de drainage, afin de favoriser l'écoulement des eaux qui, en ce temps-là, se faisait vers la mer (via le bassin d'Arcachon) que par une dépression constituée par les marais et les étangs.

Dans cette zone sauvage, qui l'est encore en partie aujourd'hui, en hiver, l'eau pouvait s'avancer jusqu'à 3 ou 4 km à l'intérieur des terres. Deux exemples célèbres dans le Médoc des étangs illustrent ce phénomène : celui de l'église Saint- Vincent de Lacanau situé en bordure de l'étang, qui dut être reconstruite à l'intérieur des terres en 1764, car elle était inondée trop souvent ; et l'église jacquaire de Sancta-Elena de Stagno, (Saint- Hélène de l'Etang) située à 300 m de l'étang de Cartignac (Carcans-Hourtin) dont, ses restes et ceux du cimetière furent transférés en un lieu dénommé Hortin (Hourtin).

Pour permettre à ces eaux de s'évacuer, deux tentatives furent entreprises au cours du XVIIIe siècle, et au début du XIXe siècle, mais se soldèrent par un échec, faute de plan d'ensemble.

Projet Chambrelent

En 1858, partant du constat que de la pointe de Grave à la presqu'île de Cap-Ferret, il existe deux pentes naturelles, l'une au nord de l'étang de Carcans-Hourtin vers la Gironde, l'autre vers le sud jusqu'au bassin d'Arcachon. L'ingénieur Chambrelent propose un projet qui consiste à unir par un canal, l'étang de Carcans-Hourtin à celui de Lacanau. Puis, au sud, par un grand canal, établir une jonction avec le bassin d'Arcachon, via les petits étangs de Langouarde, Batejin, Pas-du-Bouc, le lit de l'ancien cours d'eau drainant les landes du Porge.

Grâce à ces deux canaux, longs, respectivement : de 8 km sur 7 m de large ; et de 10, 5 km sur 12 m de large, le premier avait pour objectif de maintenir les deux étangs au même niveau d'eau, car ils sont situés au point culminant des marais, et le second, d'abaisser le niveau général de l'eau de 15,59 m à 13,03 m, afin que les parties plates des marais soient assainies.

Les travaux

Les travaux commencèrent au sud de Lacanau dirigés par Chambrelent, ingénieur général des Ponts et chaussées, ils durèrent de 1860 à 1864. Le premier coup de pioche fut donné à Langouarde. Les travaux furent pénibles s'il en fut, car les ouvriers durent travailler dans des terrains couverts de plus de 60 cm d'eau. Pour résister aux fièvres, on dit même, qu'on distribuait 10 cl d'eau de vie par jour à chaque ouvrier. Et cela dura 4 ans... Il fut inauguré le 11 mai 1864.

Quant au projet de canal de jonction des deux étangs, il ne fut accepté qu'en 1871. Par une loi de 1870, une concession fut accordée par l'Etat à deux propriétaires de terrains inondés, MM. Clerc et Tessier. Ces derniers assumèrent le paiement et la réalisation des travaux. Là encore, il fallut se préoccuper de l'aspect sanitaire des chantiers. Le Conseil d'hygiène du Département vint sur les lieux et une commission du Conseil général suivit tous les travaux. Ils se terminèrent et furent reçus en 1874.

MM. Clerc et Tessier se constituèrent en association syndicale d'entretien en 1873 avec les propriétaires concernés par la plus-value des terres asséchées. Cet assainissement a permis de gagner une superficie 7 797 ha, et le coût des travaux s'élevait à 474 475 francs.

La gestion

Le problème de la maîtrise du niveau des eaux entre les lacs médocains est toujours d'actualité. Il a été fixé légalement par une décision administrative du 15 mai 1961, entre 13,40 m et 14 m NGF ; il s'agissait de ce fait, d'éviter les inondations et de maintenir un tirant d'eau suffisant pour l'utilisation des installations portuaires du Centre de formation maritime d'Hourtin.

De nos jours, ces canaux sont placés sous la responsabilité du Syndicat intercommunal d'aménagement des eaux du bassin versant des étangs du littoral girondin, le SIAEBVELG.

Des écluses ont été construites et des aménagements ont été apportés, notamment en 2007 avec la réalisation des passes à anguilles, destinées à favoriser - avec succès - la remontée des civelles en eau douce.

 

 

Tous droits réservés - Copyright 2009 - ATL
Webmestre Jean-Louis CHARLOT
Réalisé par urtxoko / Dernière mise à jour le 15 octobre 2009